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PREFACE

La science des caractères est un labyrinthe où depuis des siècles le flot des générations s’engouffre an sortir de l’enfance; mais combien parmi ceux qui y ont pénétré en connaissent tous les détours? Dans l’obscur dédale des caractères figuratifs, des caractères indicatifs, des caractères combinés, des caractères métaphoriques, des caractères syllabiques, des caractères renversés, l’intelligence s’atrophie et la mémoire reste impuissante. L’auteur d’une remarquable étude sur l’Instruction publique en Basse-Cochinchine, écrivait, quelques années après la conquête, que l’étude des caractères forçait les peuples jaunes à vieillir dans une longue enfance. Cette affirmation est certainement exagérée, mais nous ne pouvons pas nier qu’elle ne soit vérifiée pour beaucoup.

Toutefois ce n’est pas aux caractères chinois eux-mêmes qu’il faut s’en prendre du peu d’extension de nos connaissances, surtout en sciences. Non, c’est notre pédagogie qu’il faut critiquer. Les caractères nous sont absolument nécessaires pour écrire notre langue, seuls ils peuvent traduire notre pensée dans ses détails les plus intimes. Nonobstant l’apologie dont il a été l’objet, le Quấc-ngữ n’est qu’un expédient destiné à faciliter l’écriture de notre langue vulgaire. Avec les quelques centaines de mots de cette dernière nous pouvons à peine nous faire entendre dans les circonstances ordinaires de la vie; mais dès que nous voulons nous élever un peu au-dessus de la vie matérielle et discuter sur les questions philosophiques, politiques ou autres qui peuvent nous intéresser, nous devons recourir à l’emploi des mots savants, de ceux qui se représentent à l’aide des caractères. Or, pour faciliter l’étude de l’idiome savant, nos prédécesseurs avaient composé le Huấn-mông (livre des deux mille caractères) et le Tam-thiên-tự (livre des trois mille caractères). Le Huấn-mông et le Tam-thiên-tự ne sont qu’une compilation des principaux signes usuels disposés dans un ordre qui permet de les retenir facilement. Mais ceux qui étudient ces ouvrages n’apprennent qu’à lire les caractères et en ignorent les divers sens, à fortiori ne pourraient-ils les combiner pour en faire des phrases. De cette épellation, les maîtres d’écoles font passer leurs élèves à l’étude du Tam-tự-kinh, du Tứ-tự-kinh, du Ngủ-tự-kinh et du Sơ-học-vấn-tân. Disons de suite que c’est là prendre le taureau par les cornes. Le Tam-tự-kinh et les autres livres que nous venons de nommer sont en vers. Par suite de la structure de vers, les phrases y sont d’une concision extrême et pour beaucoup d’entre elles le vrai sens en est presque impossible à saisir. D’autre part nous nous permettrons de dire qu’à ces difficultés que rencontre l’enfant s’ajoute toujours l’arrière pensée jalouse du maître qui, fier et avare de sa science, ne lui en jette que des miettes.

Notre but, en élaborant les modestes leçons qui forment ce livre, a été d’aplanir aux débutants les obstacles que nous venons de signaler. Nous avons procédé du simple au complexe. Nos leçons se composent de trois parties: 1° un texte à apprendre. Ce texte comprend quelques caractères dont nous avons donné l’analyse, c’est-à-dire dont nous avons donné la décomposition en signes simples; 2° des modèles de phrases avec l’indication des positions respectives des mots dans la construction chinoise et dans la phraséologie vulgaire; 3° des exercices se rapportant au texte, et n’exigeant qu’un peu d’attention et de mémoire. Il ne s’agit en effet que de composer des phrases d’après les modèles donnés.

De cette façon, à la fin du livre le lecteur studieux saura écrire sa pensée et après une année d’étude il pourra rédiger une lettre ou un acte usuel. La connaissance qu’il aura de la signification des caractères lui permettra, en outre, de comprendre les ouvrages philosophiques.

Depuis de longues années, nous nous étions pénétré de la nécessité de rompre avec la routine et la tradition. Pour respectables que soient les idées pédagogiques de nos ancêtres, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, après avoir reconnu